Les
Vacances de M. Hulot de
Jacques Tati (1953)
Cest le mois de
juillet, le début des grandes vacances. Une foule de citadins attend
larrivée du train pour partir vers les plages. Réagissant
à la voix nasillarde et incompréhensible qui sort du haut-parleur,
la foule court de quai en quai, en empruntant chaque fois le passage souterrain,
jusquà ce quelle trouve, comme par hasard, le bon train.
Ayant chargé sa cargaison destivants, le train repart, sillonne
la campagne.
En même
temps, dautres vacanciers foncent vers les plages sur les routes,
dans leurs voitures personnelles. Parmi ceux-ci, M. Hulot roule dans une
petite voiture de sport des plus bizarres (un Amilcar), avançant par hoquets
en pétardant et en fumant, perdant des morceaux de carosserie en
traversant les rues pavées des villes.
Dans une ville, dautres vacanciers sentassent dans un autocar
qui les emmènera à la station balnéaire où
ils vont passer la quinzaine ou le mois. On arrive enfin à la station
où se passe notre histoire. Au centre se trouve lHôtel
de la Plage, où tous les clients, pour la plupart des gens modestes
ou des familles nombreuses, passeront leurs soirées et prendront
leurs repas pendant leur séjour au bord de la mer. Dans cette vague
humaine qui déferle, et où il y a beaucoup dAnglais,
arrive une jolie blonde, Martine, qui sinstalle dans sa chambre
dans une villa qui donne sur la plage.
Dès son arrivée, Hulot se fait mal voir des autres estivants
en laissant grand ouverte la porte du salon de lhôtel, de
sorte quun vent violent sy engouffre faisant senvoler
des papiers et semant le désordre partout. Malgré la grande
courtoisie et la prévenance sans faille de Hulot, celui-ci va provoquer
par sa maladresse et sa distraction, tout au long du séjour, une
série dincidents, petits et grands, qui vont lui mettre tout
le monde à dos : le patron de lhôtel, le garçon,
le propriétaire dun bateau, un officier militaire à
la retraite, un chauffeur du bus, un homme daffaires - M. Schmutz
- qui narrête pas de travailler et surtout de recevoir des
coups de téléphone du monde entier, dautres gens encore.
Seul, ou presque, les enfants se réjouissent de la présence
de Hulot, sémerveillant de sa voiture comme de toute sa personne.
Parmi les estivants adultes il ny a guère quune vieille
Anglaise sportive et Henry, le vieux mari dune autre
Anglaise, qui semblent apprécier Hulot. Ce dernier couple se promène
sans cesse, la femme toujours devant, le mari suivant à dix pas
; celui-ci, très observateur, semble être le seul à
constater régulièrement le comportement pour le moins singulier
de Hulot.
Dans la salle à manger, Hulot gêne son voisin de table, agace
le garçon. Le soir il interrompt le calme du salon en mettant très
fort un disque de jazz. Le lendemain sur la plage, croyant bien faire,
il donne à M. Schmutz un grand coup de pied au derrière,
le soupçonnant, à tort, de faire du voyeurisme devant la
cabine de bain de la jolie Martine qui se change
Plus tard, il se
promène sur leau dans un canoë qui soudain se replie
en deux, lemprisonnant et semant la panique sur la plage par sa
ressemblance à la gueule dun requin énorme. Le jour
suivant il participe à une partie de tennis où il fait enrager
tous ses adversaires, des joueurs expérimentés, quil
bat en utilisant une technique de service complètement inédite,
sous le regard de Martine qui commence à le trouver amusant. Le
soir il dérange les joueurs de cartes au salon en jouant au ping-pong
et en cherchant parmi eux sa balle qui ségare sans cesse.
Attiré par Martine, Hulot invite la jeune femme à une promenade
à cheval qui se termine en catastrophe quand le cheval de Hulot
se met en rogne contre lui, lobligeant à se sauver ; Martine
finit par partir avec un autre cavalier. Le soir, pourtant, au bal costumé,
qui se déroule dans lindifférence générale
de la plupart des vacanciers, Hulot et Martine, les seuls adultes en costume,
dansent longuement ensemble. Le lendemain, en route pour un grand pique-nique
organisé, Hulot doit sarrêter pour changer un pneu
crevé. Lorsquil essaie de soulever la voiture, elle tombe
du cric et lui échappe, avec deux dames assises dans le spider
(un petit siège extérieur aménagé à
larrière de la voiture). Rentrant tard, poursuivi par un
chien, Hulot se réfugie dans une cabane où, croyant de toute
apparence allumer une bougie, il déclenche un feu dartifice
spectaculaire quil narrive pas à éteindre, malgré
des agissements frénétiques, et qui réveille tout
lhôtel.
Le lendemain matin, cest la fin des vacances. Les autres estivants,
fâchés, ignorent Hulot au moment des adieux, à lexception
dune vieille dame anglaise et le mari de lAnglaise promeneuse,
qui sont tous deux reconnaissants à M. Hulot, comme le sont les
enfants, davoir égayé des vacances qui sannoncaient
plutôt ennuyeuses. La dernière vue sur la plage, après
le départ de la voiture de Hulot, se fige en carte postale, munie
d'un timbre--en couleur!
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