Analyse technique
Plan général
de la cour, en plongée. Lacteur,
en plan américain, regarde vers le haut
(vers la caméra) en criant à quelquun que Boëldieu allait
devoir se passer de fauteuil. Derrière lacteur, dans la cour, d'autres
prisonniers se promènent. En premier plan, en plan rapproché, le
visage de Rosenthal, qui regarde vers la caméra. Travelling
arrière, la caméra passant par la fenêtre pour entrer,
en reculant, dans la salle de douche du pavillon des officiers, suivi dun
court panoramique vers la droite pour
cadrer lingénieur en train de
laver les pieds à Maréchal.
Commentaire
Dans ce plan (le début dun
plan-séquence), Renoir refuse le morcellement de lespace quaurait
produit le montage conventionnel. Il veut
inscrire laction dans la salle de douche, la conversation entre Maréchal
et lingénieur, dans le contexte plus large dont elle fait partie.
La présence de Rosenthal, dans la cour mais tout près de la fenêtre,
dans l'avant-plan, motive la discussion qui suit entre Maréchal et l'ingénieur
à l'intérieur du pavillon. La fenêtre sert de trait dunion,
comme souvent chez Renoir, entre lintérieur et lextérieur,
suggérant létendue de lespace, au-delà des murs
du pavillon. Pour ce faire, au lieu de tourner
les intérieurs en studio, il fait construire un décor mobile, un
faux mur au milieu de la cour de caserne, avec une fenêtre. La caméra,
placée sur une grue, cadre lacteur dans la cour, avec, en profondeur
de champ, dautres prisonniers qui se promènent pour passer le
temps : laction est clairement située dans son milieu carcéral.
Pour insister sur le lien continu entre lespace extérieur et lespace
intérieur, Renoir fait un plan-séquence
(au lieu de faire une suite de plusieurs plans) : la caméra exécute
un travelling arrière pour enchaîner, sans coupure, sur la salle
de douche à lintérieur du pavillon où se trouvent Maréchal
et lingénieur. Comme le dit André Bazin, Ainsi se retrouve
au niveau de la technique de la mise en scène cette recherche de la vérité
des relations entre les hommes et le monde dans lequel ils sont plongés.
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