Le Jour se lève de Marcel Carné (1939)

Le Jour se lève commence par la fin : au cours d’une dispute violente dans une chambre d’hôtel, François tire un coup de feu sur Valentin. Celui-ci sort de la chambre et meurt en s’écroulant dans l’escalier. Lorsque la police arrive, François réagit en tirant des balles à travers la porte ; ce n’est qu’après que les agents ont battu en retraite que nous rencontrons enfin, dans la chambre, le fauteur de troubles. Bloqué dans cette chambre, au sixième et dernier étage de l’immeuble, sans le moindre espoir de s’échapper, François s’évade dans ses souvenirs, se remémorant, pendant la nuit qui commence, les événements principaux qui ont conduit au drame. Ces épisodes du passé sont entrecoupés, à plusieurs reprises, par des retours au présent où François doit reprendre conscience chaque fois de sa situation dramatique. Voici son histoire.

Ouvrier dans une usine métallurgique dans la banlieue d’Amiens, François tombe amoureux d’une petite fleuriste. Il a envie de l’épouser, mais celle-ci se dérobe. Le soir même de sa demande, il découvre, en suivant la jeune femme, qu’elle avait rendez-vous dans un cabaret avec Valentin, un dresseur de chiens. Pendant le numéro de celui-ci, François fait la connaissance de Clara, l’ancienne maîtresse du saltimbanque, qui vient de le quitter après une liaison de trois ans. Fortement déçu de découvrir les rapports entre Valentin et Françoise, François devient l’amant de Clara, sans cesser pour autant d’aimer Françoise.

Après quelques mois de liaison, pendant lesquels François refuse d’emménager avec Clara, Valentin vient demander une “explication” avec François au sujet de Françoise, que l’ouvrier continue de voir. Au cours de leur entretien, Valentin laisse entendre qu’il est le père de Françoise, ce que celle-ci dément, en expliquant que Valentin aime mentir. Ayant renoué avec Françoise, qui lui donne comme gage de son amour une broche, François annonce à Clara son intention de rompre leur liaison. Celle-ci, dépitée, se venge en lui montrant qu’elle a la même broche: Valentin en offrait une à chacune de ses maîtresses…

De retour au présent, François crie son désespoir et rejette les appels de la foule d’amis qui s’est rassemblée dans la rue devant l’hôtel, craignant qu’il ne saute. Il ne voit même pas Françoise, qui crie son nom, puis s’écroule dans la rue. Clara vient à son secours et la fait monter dans sa chambre.

Au petit matin François part une dernière fois dans ses souvenirs, se remémorant le moment où Valentin est arrivé dans sa chambre pour reprendre, ostensiblement, l’explication au sujet de Françoise. En fait, il vient provoquer François en lui tenant des propos offensants sur son état d’ouvrier, puis en évoquant grossièrement sa liaison avec Françoise. Poussé à bout, François attrape un revolver que Valentin avait posé sur la table et lui tire une balle dans le ventre. Ayant rejoint le début du film, l’action reprend au présent jusqu’à la fin du film.

Dans la chambre de Clara, celle-ci veille sur Françoise, qui délire en évoquant l’amour qu’elle partage avec François. Des policiers sur le toit de l’immeuble de l’ouvrier se glissent vers la fenêtre de sa chambre avec des grenades à gaz lacrymogène. François se suicide d’une balle dans le coeur juste avant qu’un policier ne lance une grenade par la fenêtre. Le réveille-matin du héros sonne pendant que le gaz remplit la chambre. Le jour se lève…