Realisateurs

JEAN COCTEAU

Né le 5 juillet 1889, Jean Cocteau est l’homme de lettres le plus éclectique de la première moitié du vingtième siècle. Se définissant essentiellement comme un poète, il est également romancier, dramaturge, peintre, dessinateur et librettiste, ainsi que scénariste, acteur, et cinéaste. Dans la premiers décennies du siècle, il est une des figures à la mode des salons parisiens et connaîtra une période d’intense créativité artistique entre les deux guerres. Il se distingue au théâtre avec Les Mariés de la Tour Eiffel (1924), La Voix humaine (1930), La Machine infernale (1934), Les Parents terribles (1938), Les Monstres sacrés (1940), La Machine à écrire (1941), L’Aigle à deux têtes (1946), et Bacchus (1952).

En 1930 il réalise son premier film, Le Sang d’un poète, fortement marqué par le surréalisme ambiant, avec tout ce que cela implique d’expérimental, mais frappant aussi par son caractère autobiographique. Les quelques films réalisés par Cocteau lui-même- à l’exception peut-être de sa seconde oeuvre, La Belle et la Bête (1946)- feront tous partie d’une sorte de “journal intime” où il consigne ses obsessions personnelles et ses réflexions sur son art, sur le rôle du poète dans le monde. Il considère le cinéma comme un des moyens d’exprimer “le personnage inconnu qui l’habite” et nous dit que “le rôle du poète est de mettre sa pensée en actes. Imaginez alors comme le film nous sert, qui nous permet de montrer des choses intimes”. Il écrit lui-même le scénario et les dialogues de tous les films qu’il met en scène. Ceux-ci comprennent, outre ses deux premiers films, L’Aigle à deux têtes (1947), l’adaptation d’un drame romantique, Les Parents terribles (1948), adaptés de sa pièce (de boulevard) du même titre de 1938, Orphée (1950) et Le Testament d’Orphée (1960). Comme l’indiquent ces deux derniers films, Cocteau est très attiré par les fables antiques, qu’il tâche de universaliser en recourant aux anachronismes ou à la modernisation pure et simple. La Belle et la Bête, elle, est l’adaptation, en costumes d’époque, d’un conte de fées de Mme Leprince de Beaumont (1757).

En plus des films que Cocteau a réalisés lui-même, il a écrit de nombreux adaptations et dialogues de films, y compris pour une de ses propres pièces, La Voix Humaine (Roberto Rossellini, 1948) et deux de ses romans, Les Enfants terribles (Jean-Pierre Melville, 1956) et Thomas l’imposteur (Georges Franju, 1965). Les autres films auxquels il a participé comme scénariste ou dialoguiste comprennent, notamment, L’Eternel Retour (Jean Delannoy, 1943), une version moderne du mythe de Tristan et Iseut, Les Dames du Bois de Boulogne (Robert Bresson, 1945), la mise en scène modernisée d’un épisode du roman de Denis Diderot, Jacques le fataliste, Ruy Blas (Pierre Billon, 1947), une adaptation du drame romantique de Victor Hugo, Les Noces de sable (André Zwobada, 1948), d’après une légende marocaine et La Princesse de Clèves (Jean Delannoy, 1961), adaptée du roman classique de Mme de Lafayette.


En 1955 Cocteau est élu membre de l’Académie française, puis, en 1960, “Prince des Poètes”. Tombé malade, il meurt le 11 octobre 1963.

Filmographie

1930 Le Sang d'un poète
1946 La Belle et la Bête
1947 L’Aigle à deux têtes
1948 Les Parents terribles
1950 Orphée
1960 Le Testament d’Orphée