Resnais débute dans le monde cinématographique comme monteur de
films, avant de réaliser une série de courts métrages documentaires
dont le génie évident a carrément révolutionné le genre . Ces films comprennent, notamment,Van Gogh(1948),Paul Gauguin et Guernica (1950), Les Statues meurent
aussi (1950-53), Nuit et brouillard (1955),Toute
la mémoire du monde(1956),Le Mystère de latelier
quinze (1957)etLe Chant du Styrène (1958). A peu
dexceptions près, tous les courts métrages de Resnais seront
primés, à commencer par Van Gogh , qui lui vaudra
en France le Prix du meilleur documentaire de caractère artistique, et
aux Etats-Unis un Oscar. Le film qui annonce le plus clairement Hiroshima, cest
sans aucun doute Nuit et brouillard (Prix Jean Vigo), où
Resnais évoque lenfer concentrationnaire du nazisme en confrontant
létat actuel des lieux (en couleur) et les extraits de films documentaires
de lépoque (en noir et blanc).
Son premier long métrage, Hiroshima mon amour (1959), où
lon trouve déjà les thèmes obsédants dune
bonne partie de son uvre - lamour et la mort, le souvenir et loubli,
lenchevêtrement du passé et du présent (si ce nest
lavenir) - gagne de multiples prix et lui donne, presque du jour au lendemain,
une célébrité mondiale. Son film suivant,LAnnée
dernière à Marienbad (1961), qui obtient le Lion dOr
au festival de Venise et le prestigieux Prix Méliès en France, fascine
et déroute le public par ses personnages mystérieux et une intrigue
plus quénigmatique. Une banale histoire dadultère (un
homme entreprend de prendre une femme à son mari) est transformée
en une cérémonie onirique, voire cauchemardesque, une succession
de fantasmes dont le sens précis nous échappe le plus souvent.
Dans Muriel, ou le temps dun retour (1963), Resnais reprend
ses méditations sur le problème du temps dans les relations humaines,
ainsi que sur celui de la guerre, thèmes quil avait déjà
abordés dans Hiroshima. A Boulogne, une femme qui reçoit
la visite dun ancien amant (leur liaison remonte à lépoque
de la Deuxième Guerre mondiale) constate que luvre du temps
les a séparés irrémédiablement. Par ailleurs, le beau-fils
de cette femme, qui vient de rentrer de son service militaire en Algérie,
essaie de faire face aux angoisses nées des actes commis par les soldats
français au cours du conflit.
La Guerre est finie (1966), le film suivant de Resnais, met en scène
les problèmes existentiels de la lutte politique (Marcel Ohms).
Le héros, militant clandestin du Parti Communiste espagnol vivant en exil
en France, vit une crise didentité où il met en question le
bien-fondé de la lutte quil mène contre le pouvoir franquiste.
Ici encore, le passé et le présent se confrontent, le militant se
rendant compte quil continue de vivre dans un passé dont les réalités
ne correspondent plus à celles du présent.
Dans Je taime, je taime (1968), Resnais traite de sujets
familiers dans un nouveau genre : la science-fiction. Reprenant les thèmes
de la mort et de la mémoire en crise, ainsi que son climat onirique habituel,
il nous présente le cas dun homme qui, à la suite dune
tentative de suicide manquée, devient lobjet dune expérience
scientifique où il est renvoyé dans son passé. Lorsque la
machine se dérègle, la chronologie de ses souvenirs, dont nous suivons
les péripéties, est bouleversée .
Stavisky (1974), ensuite, est sûrement le plus atypique des
films de Resnais par son réalisme et son aspect apparemment conventionnel,
malgré un certain onirisme né de la représentation dun
monde dextrême opulence. Cest également un de ses films
les plus politisés. Resnais y présente une version mi-historique,
mi-fictive de laffaire Stavisky, une histoire descroquerie
monumentale qui a défrayé la chronique au début de lannée
1934 et qui a eu de profondes répercussions sur la classe politique en
France.
Providence (1976), qui obtient le César de la mise en scène
à Cannes en 1978, traite à la fois du problème du vieillissement,
donc de la mort, et du processus de création. Nous assistons aux fantasmes
angoissés du personnage principal, un vieil écrivain, qui entremêle
dans ses cauchemars les membres de sa famille et les personnages de son prochain
roman, le tout fortement influencé par ses remords de conscience, sa peur
de vieillir et son obsession de la mort.
Dans Mon oncle dAmérique (1980), qui obtient lOscar
du meilleur film étranger, Resnais raconte lhistoire de trois vies,
de trois personnes de milieux sociaux différents dont les destinées
se rencontrent à un moment donné. Parallèle aux trois discours
qui construisent le parcours des trois personnages principaux (fictifs) du film,
il y a un quatrième discours qui émane dun personnage non-fictif,
le professeur Henri Laborit. Homme de sciences, évoluant dans son laboratoire,
Laborit intervient pour développer des hypothèses sur la biologie
et la psychologie du comportment humain qui éclairent, dans une certaine
mesure, les actions et réactions des personnages fictifs.
La carrière de Resnais se poursuivra, marquée toujours par le goût
de lexpérimentation qui lamènera à aborder des
genres différents, comme le pur mélodrame avec Mélo
(1986) ou On connaît la chanson (1997), où une grande
partie du dialogue est chantée.
Filmographie dAlain Resnais (longs métrages)
1959 Hiroshima mon amour
1961 LAnnée dernière à Marienbad
1963 Muriel, ou le temps dun retour
1966 La Guerre est finie 1968-69 Je taime, je taime 1973-74 Stavisky
1976 Providence 1980 Mon oncle dAmérique 1983 La Vie est un roman 1984 LAmour à mort 1986 Mélo 1989 I Want To Go Home 1993 Smoking No Smoking 1997 On connaît la chanson