Mon oncle d’Amérique

Mon oncle d’Amérique d'Alain Resnais (1980)

En entrelaçant trois discours séparés, Mon Oncle d’Amérique raconte l’histoire de trois vies, de trois personnes de milieux sociaux différents dont les destinées se rencontrent à un moment donné, tout à fait par hasard. Jean Le Gall est un fils de famille breton qui réussit ses études brillamment et rêve d’être écrivain. Il se marie, a des enfants et se contente de devenir professeur dans un lycée parisien. En jouant sur ses relations, il est pourtant chargé de divers travaux pour le Ministère de l’Education et se retrouve, une vingtaine d’années plus tard, directeur des informations à la Radiodiffusion. Janine Garnier, de son côté, parisienne et fille d’ouvriers militants communistes, est passionnée pour le théâtre et ne rêve que de devenir actrice. Par un coup de hasard, elle se voit confier le rôle principal dans un spectacle d’avant-garde de la rive gauche qui connaît un certain succès. René Ragueneau, fils d’agriculteurs, catholique pratiquant, s’accroche pour obtenir son certificat d’études primaires, puis fait des études par correspondance. A force de travailler il parvient à gravir les échelons d’une entreprise familiale de textile jusqu’au poste de directeur technique, tout en devenant - c’est sans doute sa seule distraction - un maître cuisinier, un véritable cordon-bleu.

Nous apprenons, par ailleurs, que chacun de ces trois personnages nourrit une fascination pour une grande vedette française, un véritable mythe du cinéma qui apparaît épisodiquement, dans des inserts (toujours en noir et blanc), juxtaposé au personnage concerné. Pour Jean, c’est Danielle Darrieux, pour Janine, Jean Marais et pour René, Jean Gabin.

Parallèle aux trois discours qui construisent le parcours des trois personnages principaux (fictifs) du film, il y a un quatrième discours qui émane d’un personnage non-fictif, le professeur Henri Laborit. Homme de sciences, évoluant dans son laboratoire, Laborit intervient de manière ponctuelle pour développer des hypothèses sur la biologie et la psychologie du comportment humain qui éclairent, dans une certaine mesure, les actions et réactions des personnages fictifs.

C’est au moment (1975) où chacun des trois personnages semble être en train de réussir sa vie professionnelle que l’action commence véritablement ; c’est-à-dire, que les trois destinées commencent à converger. Venu avec sa femme, Arlette, voir le spectacle où triomphe Jeanine, Jean tombe amoureux de celle-ci et finit par quitter femme et enfants pour s’installer chez elle. Quant à René, il apprend que l’usine pour laquelle il travaille va bientôt être achetée par une entreprise concurrente et qu’il va devoir supporter dans son bureau la présence d’un rival pour son poste, Veestrate. Des deux côtés, les choses se gâtent. Ayant encouru le déplaisir du ministre, Jean se trouve brusquement déchu de ses fonctions et souffre, par-dessus le marché, de coliques néphrétiques (calculs rénaux). Angoissé par la crainte de perdre son poste, René somatise et souffre d’un ulcère à l’estomac. Ses peurs se réalisent, d’ailleurs : on accorde son poste à Veestrate et il est contraint d’accepter un poste de directeur d’une nouvelle usine de vêtements à Cholet, à cent kilomètres de Roubaix où il vit actuellement. La femme de Jean, elle, réussit à récupérer son mari en faisant croire à Janine qu’elle est très malade et qu’elle va mourir bientôt.

Deux ans plus tard, en 1979, Jean et Jeanine se retrouvent, par hasard, dans la petite île bretonne qui appartient à la famille de Jean. Jeanine, qui a dû abandonner le théâtre, est devenue styliste dans une entreprise de textile, celle justement pour laquelle travaille René Ragueneau. Jean, lui, réintégré à l’enseignement après son limogeage, vient de publier un livre polémique sur son expérience à la Radio et va se présenter comme candidat aux prochaines élections législatives. Au cours de leur conversation Janine comprend qu’Arlette, la femme de Jean, n’avait jamais été malade et qu’elle lui avait joué la comédie pour lui reprendre son mari. Catastrophée, elle se rend quand-même à un rendez-vous d’affaires à Cholet avec le patron de son entreprise et … René, dont l’usine connaît des ennuis financiers. On lui propose le poste inférieur de directeur technique de son usine, sous l’autorité d’un nouveau directeur général. Indigné, René quitte brusquement le restaurant où se tient la réunion mais revient bientôt s’excuser. Lorsqu’on lui propose, connaissant ses talents de cuisinier, un poste de cadre dans une chaîne de magasins d’alimentation de luxe, il n’en peut plus. Profondément humilié, il rentre chez lui et se pend. Sauvé in extremis par sa logeuse, il est conduit à l’hôpital où l’on le réanime. Pendant ce temps, Janine se rend chez Jean pour tirer leur situation au clair ; celui-ci défend le mensonge de sa femme. Suffoquant d’indignation, Janine essaie de battre Jean, qui se défend comme il peut. Le film se termine par une série de plans sur un quartier délabré de la ville de New York.


  Extrait 1 :
Le début du film - coeur en plastique qui clignote, images diverses, début des biographies (1’52”).

  Extrait 2 : Jean et Arlette dans l’île ; extrait de film avec Danielle Darrieux (0’33”).

  Extrait 3 : Janine rencontre Jean au théâtre ; extraits de films avec Jean Marais, puis avec Jean Marais et Danielle Darrieux (2’09”).

  Extrait 4 : Arlette veut récupérer son mari (2’28”).

  Extrait 5 : Comportement de Jean dans l’île quand il voit Janine ; le rat de laboratoire (0’56”).

  Extrait 6 : L'expérience avec le rat dans la cage ; comportement des trois personnages (2’35”).

  Extrait 7 : Janine parle à Jean de sa femme ; les rats soumis à la punition ; les êtres humains et l'angoisse (4’37”).

  Extrait 8 : On propose un nouvel emploi à René (2’29”).

  Extrait 9 : Janine retrouve Jean à la chasse au sanglier ; le comportement de Janine devant l’attitude de Jean (1’58”).

  Extrait 10 : Dénouement - le quartier dévasté de New York (1’28”).

Extraits ©MK2, 55, rue Traversière, 75012 Paris
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