Sans toit ni loi

Sans toit ni loi d’Agnès Varda (1985) de François Truffaut (1959)

Un matin d’hiver, dans le Midi de la France, un ouvrier agricole découvre dans un fossé le cadavre d’une jeune femme crasseuse, apparemment morte de froid pendant la nuit précédente.  La voix off d’une narratrice, vraisemblablement la réalisatrice du film, nous explique que le corps, que personne n’a réclamé, a été enterré dans la fosse commune.  Elle s’intéressée à cette jeune femme, qui s’appelait Mona Bergeron, et mène une enquête auprès de ceux qui l’avaient rencontrée pendant les dernières semaines de sa vie, qu’elle avait passées à vagabonder dans la région de Nîmes.  Le film est constitué surtout de leurs souvenirs de Mona, qui se transforment le plus souvent en flashbacks.  Leurs témoignages, face à la caméra ou filmés à leur insu, ponctuent l’errance de la jeune femme.

Au début du film, Mona sort nue de la mer.  Deux types à moto la regardent de loin pendant qu’elle s’habille mais finissent par s’en aller : ce sont les premiers témoins, suivis bientôt par un camionneur qui la prend en stop (mais la fait descendre lorsqu’elle se montre désagréable) et un ouvrier qui l’avait découverte endormie dans une vieille cabane qu’on détruisait.  Mona frappe à la porte d’une maison pour demander de l’eau, à une autre porte pour quémander des allumettes ; elle fume sans arrêt.  Dans la première maison, elle provoque la jalousie d’une jeune fille qui aimerait bien être “libre” comme elle.

Elle est réveillée le lendemain matin par un fossoyeur : elle avait dressé sa tente dans un cimetière.  N’ayant que du pain rassis à manger, elle se fait offrir un sandwich dans un café, reprend la route, s’esquive quand une voiture de police passe.  Elle trouve du travail dans un garage, où elle lave des voitures, puis dresse sa tente derrière le poste d’essence et paresse le reste de la journée.  Le patron nous parle d’elle, disant qu’il ne lui faisait pas confiance (mais on le voit sortir de sa tente en relevant son pantalon au petit matin…).

Face à la caméra, Yolande, la bonne, donne son témoignage.  Elle avait aperçu la jeune femme dans le château dont son oncle est le gardien, endormie enlacée avec un jeune homme.  Elle les envie, voudrait avoir les mêmes rapports sentimentaux avec son petit ami, Paulo, qui se fiche visiblement d’elle.  Mona vit une petite “idylle” au château avec un autre vagabond, David, qui se dit le “juif errant” ; ils passent la journée à fumer de l’herbe, à boire du vin, à faire l’amour.  L’idylle se termine brusquement quand Paulo et ses amis voyous viennent cambrioler le château, assommant David au passage.  Celui-ci nous offre son témoignage, exprimant sa déception devant le départ précipité de Mona.

Mona reprend son vagabondage, se réfugie chez des bergers post-soixante-huitards (un ancien étudiant en philosophie et sa compagne) qui acceptent de l’héberger.  Comme ils ne supportent pas longtemps ni son inactivité ni sa saleté, la jeune femme est contrainte de repartir.  Elle emporte quelques fromages de chèvre qu’elle vend à une prostituée qui racole le long de la route.

Suit le long témoignage de Madame Landier, une universitaire spécialisée dans les maladies de platanes, qui prend Mona en stop.  Elle raconte l’aventure à une amie, par téléphone, s’étonnant de la mauvaise odeur qui émanait de la jeune femme, avant que l’on voie l’épisode en flashback.  Elle donne à boire et à manger à la jeune femme, lui explique son travail, la laisse dormir dans sa voiture pendant la nuit et l’emmène avec elle le lendemain sur ses lieux de travail, où elle lui présente un de ses collaborateurs, Jean-Pierre, ingénieur agronome.  On voit celui-ci avec sa femme, Eliane, qui convoîte le grand appartement de la vieille tante de Jean-Pierre — et qui se désintéresse complètement de la jeune vagabonde dont son mari lui parle.

On retrouve Mona dans un camion de collecte de sang, en train de donner du sang, avant qu’elle ne reprenne la route.  Elle trouve un job où elle charge des caisses sur un camion.  Jean-Pierre arrive chez Mme Landier, qu’il sauve in extremis de l’électrocution.  Celle-ci se fait du souci pour la jeune vagabonde, qui était partie dans les bois quand elle l’avait fait descendre.  En effet, dans l’épisode suivant, Mona, qui campait dans un bois, est violée par un homme qui rodait autour d’elle.

Mona est hébergée ensuite par Assoun, un ouvrier viticole tunisien dont elle partage le logement et le travail pendant quelques jours, jusqu’à ce que ses compagnons de travail, des Marocains, reviennent et refusent la présence de Mona parmi eux.  Elle est prise en stop par Yolande, qui l’installe dans une chambre chez la vieille tante Lydie (la tante de Jean-Pierre) où elle travaille comme bonne.  Mona sympathise avec la vieille dame, qu’elle fait boire ; elles s’enivrent ensemble, rient aux éclats.  Yolande chasse Mona de l’appartement, en lui donnant de l’argent, avant d’être chassée elle-même par Eliane ; la police soupçonne son petit ami, Paulo, d’avoir participé au cambriolage du château.

Mona se retrouve parmi des zonards, de jeunes drogués clochardisés qui passent la journée dans le hall de la gare, la nuit dans un “squat” (un bâtiment désaffecté).  C’est Jean-Pierre qui en témoigne, horrifié quand il aperçoit la jeune femme, dans un état lamentable, alors qu’il accompagne Yolande à la gare.  Plus tard (on ne sait quel jour), David, le “juif errant”, arrive et se bagarre avec un autre zonard pour une question d’argent.  Ils réussissent à mettre le feu à l’immeuble, provoquant le départ de Mona.  Témoignage, face à la caméra, d’un des zonards qui regrette son départ : il aurait bien aimé être son maquereau.

Mona est dehors, dans le froid.  Elle essaie de dormir dans une grande serre à radis en plastique, mais elle a trop froid.  Le lendemain, elle est agressée, maculée de lie de vin, par des participants à une fête du vin (des “Paillasses”) dans un village où elle était allée chercher du pain.  Terrifiée, elle se réfugie dans une cabine téléphonique, puis se sauve.  On la retrouve en rase-campagne, enveloppée d’une couverture crasseuse, traînant les pieds dans ses bottes usées.  Elle traverse la vigne, trébuche et tombe dans un fossé.  Elle essaie de se relever, retombe sur le dos, reste immobile.  Fondu au noir.

 

  Extrait 1 :
La découverte du cadavre de Mona (2’55”).

  Extrait 2 : Le camionneur prend Mona en stop (1’55”).

  Extrait 3 : Errance de Mona (35”).

  Extrait 4 : La séquence du garagiste (3’15”).

  Extrait 5 : Mona chez les bergers (3’35”).

  Extrait 6 : L‘“électrocution” de Mme Landier (1’35).

  Extrait 7 : Le viol de Mona (1’00”).

  Extrait 8 : La fête du vin; le dénouement (3’40”).

Extraits ©Ciné Tamaris, 88 rue Daguerre, Paris 75014
www.cine-tamaris.com
Tél. 33-(0)1-43-22-66-00
cine-tamaris@wanadoo.fr