Un condamné à mort s’est échappé

Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson (1956)

Lyon, 1943.  Fontaine, lieutenant dans la Résistance, se trouve dans une voiture de la Gestapo, en compagnie de deux autres prisonniers.  On l’emmène au Fort de Montluc où les Allemands ont installé une prison.  Lorsque la voiture s’arrête un instant, Fontaine tente de s’évader, mais il est immédiatement repris, remis dans la voiture et assommé à coups de crosse.  Arrivé à la prison, il est battu avant d’être amené à sa cellule, ensanglanté , sur un brancard.  Lorsque des soldats allemands le réveillent, il feint d’être trop faible pour se lever ; il pense que c’est peut-être grâce à cela qu’il n’a pas été fusillé sur-le-champ.

En se hissant jusqu’à un vasistas, Fontaine arrive à voir la cour intérieure de la prison.  Il prend contact ainsi avec un autre détenu, Terry, qui va l’aider à communiquer avec l’extérieur.  Terry lui jette un peu de ficelle, ce qui lui permettra de descendre des lettres et de remonter de petits objets, comme un rasoir et un épingle que son ami lui procure.  On fait descendre Fontaine aux lavabos où il fait sa toilette, les menottes toujours aux poignets.

Avec l’épingle, et les conseils que lui donne son voisin (avec qui il communique en frappant contre le mur), Fontaine réussit à enlever ses menottes, qu’il remet lorsque les gardiens arrivent.  Il subit un interrogatoire et donne sa parole de ne pas chercher à s’évader, avec toutes les restrictions mentales qu’on peut imaginer. Il est bientôt transféré dans une nouvelle cellule, où l’on lui enlève ses menottes.  Il s’inquiète du silence de son nouveau voisin, qui ne répond pas lorsqu’il frappe au mur.

Fontaine apprend la routine de la prison : le repas servi dans une gamelle, la descente quotidienne dans la cour pour vider les seaux hygiéniques, suivie d’une séance de toilette dans les lavabos.  C’est là où il rencontre d’autres détenus, comme Hébrard, le Pasteur et Orsini. ; ce dernier a été trahi, livré à la Gestapo, par sa propre femme.  Les prisonniers arrivent à communiquer, furtivement, entre eux, malgré l’interdiction formelle de parler.  Fontaine s’habitue à entendre les salves ponctuant les exécutions dans l’enceinte de la prison.  Un jour, au moment de sa sortie dans la cour, il aperçoit enfin son voisin silencieux, un vieillard qui s’appelle Blanchet. 

Remarquant que sa porte de cellule peut être démantelée, il façonne un ciseau en frottant le manche d’une cuillère en fer contre le plancher de sa cellule.  Il commence un travail de fourmi, limant et démontant lentement la porte, dans la crainte d’être découvert à tout moment.  Fontaine fait connaissance avec Blanchet en l’aidant à se relever un jour où le vieillard fait une chute dans la cour.  Ils commencent à se parler par la fenêtre de leurs cellules.  Blanchet demande à Fontaine d’arrêter de limer sa porte, craignant de voir punir tout l’étage, mais une amitié se noue entre les deux hommes. 

Après un mois de travail patient, Fontaine vient à bout de sa porte, ce qui lui permet de sortir dans le couloir et d’aller effacer les punitions qui sont marquées sur la porte d’un prisonnier.  Il confie aux autres prisonniers son projet de s’évader, sans trop savoir comment il s’y prendra.  Le Pasteur lui remet un billet sur lequel il a recopié un court dialogue où le Christ dit à Nicodème : “Le vent souffle où il veut”.  Comme Orsini veut s’associer à la tentative d’évasion de Fontaine, celui-ci lui passe un billet où il lui explique comment démonter sa porte.  Une nuit, Fontaine sort de sa cellule et se hisse sur le toit en passant par la verrière du couloir.  Il commence à fabriquer une corde avec des lanières découpées dans son traversin — ensuite dans des chemises, des draps, des couvertures — corde qu’il consolide avec du fil de fer qu’il enlève du grillage de son châlit. 

Orsini s’impatiente et essaie de s’enfuir tout seul ; il est ramené à sa cellule et battu.  Fontaine profitera de l’échec d’Orsini, qui lui apprend, avant son exécution, qu’il faut des crochets pour passer le dernier mur d’enceinte et lui explique comment les fabriquer.

Les Allemands confisquent les crayons des détenus, menaçant de fusiller ceux qui ne les rendent pas.  Fontaine refuse de donner le sien, tout simplement pour ne pas céder à l’ennemi.  Le jour où l’on devait fouiller sa cellule, il reçoit un colis, ce qui détourne l’attention des gardiens, qui oublient la fouille.  Dans le colis se trouvent des vêtements dont il se sert pour continuer de fabriquer sa corde.  Blanchet, qui finit par croire à l’évasion de Fontaine, lui donne une de ses couvertures, pour pouvoir finir la corde.  Fontaine se rend compte qu’il lui faut un compagnon pour réussir son évasion, mais il a du mal à trouver quelqu’un.  Les autres détenus l’encouragent à tenter son évasion le plus tôt possible ; on craint qu’il n’échoue s’il continue d’attendre.

On amène Fontaine à l’Hôtel Terminus, siège de la Gestapo à Lyon, où il apprend qu’il est condamné à mort pour ses activités de résistant (il avait essayé de faire sauter un pont).  Il est soulagé, au retour, d’être remis dans la même cellule, où il avait caché tout le matériel pour son évasion, mais il comprend qu’il faut agir vite.  Il doit confronter un nouveau dilemme, pourtant, quand on introduit dans sa cellule un jeune détenu français, François Jost, qui avait servi dans l’armée allemande avant de déserter. Fontaine transmet au Pasteur ses dernières volontés.

Craignant d’avoir affaire à un traître, Fontaine envisage la nécessité de tuer Jost pour l’empêcher de dénoncer sa tentative d’évasion.  Il finit pourtant par se confier à lui et par lui proposer de partir avec lui; il lui fait comprendre, d’ailleurs, qu’il n’a vraiment pas le choix. La nuit de l’évasion, Fontaine et Jost passent par la lucarne du couloir et montent sur le toit avec tout leur matériel.  Le toit est couvert de gravier, qui crisse sous leurs pas, de sorte qu’ils doivent attendre le bruit du passage des trains pour avancer.  Fontaine est obligé de descendre dans la cour pour étrangler une sentinelle qui fait le guet au pied du premier mur d’enceinte.  Quand ils arrivent au deuxième mur, Fontaine se rend compte qu’il n’aurait pu avancer plus loin sans le concours de Jost, les deux hommes s’aidant réciproquement à monter en haut du mur.  De l’autre côté, dans un fossé entre deux murs, une autre sentinelle fait sa ronde à bicyclette.  A l’aide des crochets attachés à la corde, Fontaine fait un pont entre les deux murs.  Après des heures d’attente, Fontaine se lance subitement.  Il franchit l’espace en s’accrochant à la corde, suivi bientôt de Jost.  Les deux hommes sautent en bas du mur et s’éloignent dans la nuit.


 

Extrait 1 :

Le début du film —tentative d’évasion de Fontaine (2’03”).

 

Extrait 2 :

Fontaine change de cellule ; le bruit de la clé (1’15”).

 

Extrait 3 :

Fontaine s’attaque à sa porte (2’07”).

 

Extrait 4 :

La deuxième cuiller ; le cadre s’éclate (2’03”).

 

Extrait 5 :

La tentative d’évasion d’Orsini (2’05”).

 

Extrait 6 :

L’évasion —la traversée du premier toit (2’00”).

 

Extrait 7 :

Le meurtre de la sentinelle (2’47”).

 

Extrait 8 :

La traversée des derniers murs (4’21”).

Extraits ©Gaumont, 30, avenue Charles de Gaulle, 92522 Neuilly
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