Les Enfants du paradis

Les Enfants du paradis de Marcel Carné (1945)

Les Enfants du paradis se divise en deux “époques”, “Le Boulevard du Crime” et “L’Homme blanc”, l’une commençant vers 1827, l’autre sept ans après.  L’action se déroule principalement dans le quartier du boulevard du Temple à Paris, surnommé “Boulevard du Crime” à cause des mélodrames et des drames sanglants qu’on y proposait chaque soir à un public surtout populaire.  Deux théâtres se distinguent : le Théâtre des Funambules où l’on offre des spectacles de pantomime (la parole y étant interdite par les autorités) et le Grand Théâtre, qui a le monopole des pièces dialoguées. 

Au début du film, Frédérick Lemaître, un jeune cabotin, dragueur invétéré, qui rêve de “jouer la comédie” au théâtre, rencontre et lutine Garance, une très belle femme qui gagne sa vie en exhibant ses charmes dans une baraque foraine.  Garance rend visite ensuite à l’une de ses connaissances, Lacenaire, un anarchiste révolté, personnage orgueilleux et dangereux, qui travaille comme écrivain public, ce qui lui sert de couverture pour des activités plus que louches.  Peu de temps après, alors qu’elle écoute un bonimenteur (le père de Baptiste) devant le Théâtre des Funambules, elle se voit accusée du vol d’une montre, subtilisé en fait par Lacenaire.  Baptiste, habillé en Pierrot, la tire d’affaire en mimant la scène du vol, dont il a été témoin.  Pour le jeune homme, c’est à la fois le coup de foudre — il tombe éperdument amoureux de Garance — et la révélation d’un grand talent, d’une véritable vocation de mime.

Le père de Baptiste est acteur aux Funambules.  La fille du directeur du theâtre, Nathalie, qui fait de la pantomime aussi, est amoureuse de Baptiste.  Avant la représentation, un marchand d’habits, Jéricho, lit dans les lignes de sa main qu’elle épousera l’homme qu’elle aime.  Le marchand d’habits, personnage louche et désagréable, fait des apparitions du début jusqu’à la fin du film, et surtout à des moments importants qui ont un rapport avec l’avenir des autres personnages.  Lorsqu’une bagarre éclate entre les comédiens, ce soir-là, Baptiste et Frédérick réussissent à calmer les spectateurs en improvisant un numéro, ce qui sauve la recette de la journée.  Parmi ces spectateurs, les plus enthousiastes sont assis au “paradis”, le dernier étage des balcons du théâtre, où se situent les places les moins chères. 

Plus tard, pendant la soirée, Baptiste remarque Garance, accompagnée de Lacenaire et de ses comparses, dans une gargote, “Le Rouge-Gorge”.  Il s’attire des ennuis en invitant Garance à danser, mais il s’en sort et finit par partir avec celle-ci, qu’il amène loger à la même pension (Le Grand Relais) que lui et Frédérick.  Lui ayant déclaré son amour, il s’enfuit de sa chambre, bien qu’elle se soit offerte à lui… .  Frédérick n’a pas les mêmes scrupules : lorsqu’il entend chanter Garance dans la chambre d’à côté, il n’hésite pas à la rejoindre chez elle.

Baptiste est devenu la vedette des Funambules, jouant des scènes muettes aux côtés de Garance et de Frédérick.  Il est tourmenté par leur liaison, tandis que Nathalie, persuadée que Baptiste et elle sont “faits pour vivre ensemble”, souffre du fait que celui-ci ne l’aime pas.  Garance reçoit dans sa loge la visite du comte Edouard de Montray, un riche dandy cynique qui lui offre sa fortune pour devenir sa maîtresse. Rebutée par sa personne, elle se moque de ses propositions — ce qui n’empêche pas le comte de lui offrir sa protection en cas de besoin. Soupçonnée injustement à la suite d’une tentative de vol et d’assassinat commise par Lacenaire et son complice Avril, elle sera, effectivement, obligée de faire appel à la protection du comte de Montray pour éviter l’arrestation.  La première partie du film se termine sur cette péripétie.

La deuxième époque du film, “L’Homme blanc”, reprend quelques années plus tard.  Frédérick, qui joue au Grand Théâtre, connaît la célébrité.  Homme à bonnes fortunes, il est criblé de dettes ; il se permet pourtant de saccager la pièce médiocre dans laquelle il joue en la tournant en ridicule le soir de la première.  Les auteurs, outrés, le provoquent en duel.  De retour dans sa loge, il se trouve en face de Lacenaire, venu dans l’intention de l’assassiner.  Auteur dramatique dilettante, l’anarchiste finit par se lier d’amitié avec Frédérick et lui sert de second le lendemain matin, lorsque l’acteur se rend au duel, ivre mort.

Baptiste, lui, triomphe toujours aux Funambules.  En s’y rendant le lendemain du duel, Frédéric retrouve Garance, qui est rentrée à Paris après avoir parcouru le monde avec le comte de Montray, qui l’entretient.  Elle assiste incognito aux représentations tous les soirs depuis son retour pour pouvoir voir jouer Baptiste, qu’elle n’a pas cessé d’aimer.  Frédérick connaît les affres de la jalousie, qu’il trouve “désagréables” mais, tout compte fait, “utiles” : il va enfin pouvoir jouer Othello, ayant fait l’expérience du sentiment qui motive le comportement de celui-ci… .  Garance demande à Frédérick d’informer Baptiste de sa présence, mais c’est Nathalie, devenue la femme de Baptiste, qui est prévenue d’abord, par Jéricho.  Celle-ci envoie leur fils dans la loge de Garance lui annoncer le bonheur de leur petite famille.  Quand Baptiste arrive peu de temps après, la loge est vide. 

En rentrant chez elle, à l’hôtel luxueux du comte, Garance y retrouve Lacenaire qui l’attend.  Le comte s’irrite de trouver chez lui un tel individu et le traite de haut, s’attirant des menaces de la part de l’anarchiste.  Après le départ de celui-ci, Garance révèle au comte qu’elle ne pourra jamais l’aimer, étant déjà amoureuse d’un autre homme.

Frédérick joue enfin Othello.  Le comte de Montray, qui y assiste en compagnie de Garance, se persuade que l’acteur est l’homme que celle-ci aime.  A la fin de la pièce, quand il essaie de provoquer Frédérick en duel en se moquant de lui, il est pris à partie par Lacenaire, qu’il insulte.  Celui-ci se venge en le traitant de cocu et en lui faisant découvrir Baptiste en train d’embrasser Garance sur le balcon.  Les deux amoureux passent la nuit ensemble dans l’ancienne chambre de Garance au Grand Relais.

Le lendemain matin, aux bains turcs, Lacenaire assassine le comte pour l’avoir humilié la veille en le faisant jeter dehors, puis fait venir lui-même la police pour accomplir son “destin” sur l’échafaud.  Nathalie, s’étant rendue au Grand Relais, surprend Baptiste dans les bras de Garance, qui avait pris la décision de s’en aller.  Garance monte dans un carrosse et s’éloigne dans la foule déchaînée du Carnaval, une mer de masques et de Pierrots, qui emporte Baptiste, l’empêchant de la rejoindre.

  Extrait 1 :
Le début du film —le Boulevard du Crime (3'45").

  Extrait 2 : Lacenaire l’anarchiste romantique (2'11").

  Extrait 3 : Baptiste mime le vol de la montre (3'05").

  Extrait 4 : La bagarre au Théâtre des Funambules (2'01").

  Extrait 5 : Baptiste et Garance —l’amour (2'45").

  Extrait 6 : La pantomime de Baptiste —premier acte (5'03").

  Extrait 7 : La pantomime de Baptiste —deuxième acte (4'54").

  Extrait 8 : Frédérick saccage une pièce au Grand Théâtre (3'25").

  Extrait 9 : La deuxième pantomime de Baptiste (4'27").

  Extrait 10: La confrontation après Othello ; le “coup de théâtre”de Lacenaire (3'22").

  Extrait 11: Le dénouement —Garance et Nathalie, le départ de Garance (6'05").

Extraits ©Pathé Renn Production, 10, rue Lincoln, 75008 Paris 10, rue Lincoln, Paris 75008
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